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Jean C. Baudet

Ce que disent les philosophes

28 Août 2012 , Rédigé par jeanbaudet.over-blog.com Publié dans #Philosophie

Cur PenseeQuand un philosophe parle, il faut l'écouter pour ce qu'il dit, et savoir qu'il ne parle pas pour plaire. Il se repaît des insultes, car elles lui servent de balises dans la mer immense des médiocrités. Il s'amuse - un peu triste, il est vrai - de tant de sottises commentant ses propos, car il a appris le coeur des hommes. Il faut écouter le philosophe et se poser une seule question : est-ce que ce qu'il dit est vrai ? Et se demander de quelle montagne il descend.

 

On ne demande pas la vérité à un chanteur de charme, à un clown, à un poète, car on veut qu'il enchante, qu'il divertisse, qu'il émeuve. Le philosophe n'a pas à émouvoir. Il dit ce qu'il pense, parce que c'est son métier.

 

Mais la vérité que l'on attend du philosophe n'est pas celle que l'on attend du plombier, de l'historien, du cadre d'entreprise, du chimiste. Car, au fond, qu'importe que le robinet coule, que Charlemagne soit mort en 814, que Microsoft fasse des bénéfices, que le sulfate de cuivre soit soluble dans l'eau ? La vérité que l'on reçoit du philosophe n'est pas celle qui fait rêver, ou qui nous attendrit, comme si l'on était au pied de l'Acropole, ou si l'on écoute un air de mandoline.

 

Car le philosophe n'a pas de vérités, mais ce qu'il dit est vrai. Il n'est pas marchand d'espérance et de cataplasmes spirituels - il y a des politiciens et des idéologues et des religieux pour ça, ligués d'ailleurs contre les philosophes. Il n'est pas fournisseur de certitudes certifiées. Il est déconstructeur des superstitions, il est démolisseur des projets, il est éliminateur des promesses de grand soir. Certes, il dit parfois ce qui aurait pu être, avec seulement quelques pourcents en moins d'imbéciles : la beauté prenante d'une équation ou de quelques arpèges, un soir d'été, avec les nuages qui passent, là-bas, les beaux nuages. Mais il a lu pendant vingt ans, et il a pensé pendant ces vingt années, pendant quarante ou cinquante ans peut-être, il a évité les pièges de la spécialisation et de l'engagement, il a rejeté les fleurs de la rhétorique et les séductions du sentiment, il a rejeté les traditions du troupeau et les réflexes des origines chéries, il a balancé, pendant toute une vie, entre l'Être et le Néant, et il contemple, ô race étrange, à ses pieds, le genre humain.

 

Voir Méphistophélès, dans le Faust de Gounod.

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