L'illusion d'un Coran alternatif
J’ai reçu cet intéressant commentaire, d’un certain Raman, à mon article « Pour un Coran alternatif ». Je le cite textuellement. Cela me paraît plus intelligent que les insultes habituelles.
Je rappelle qu’une citation, même longue, n’est pas nécessairement une adhésion aux idées exprimées. Je ne suis qu’un philosophe, et j’essaye d’observer le monde. Le texte de Raman me paraît bien documenté et dès lors intéressant. Il énonce des faits et ne cumule pas des invectives. Aurais-je été, comme tant de braves gens, entraînés dans l’idée naïve de l’existence d’un islam « modéré » ? Il y a matière à penser.
Citation :
C'est impossible pour une raison relativement simple. Les Portes de l'Ijtihad ("Connaissance profonde") sont fermées depuis le 15ème siècle. Les 4 écoles d'interprétation coranique principales (le malikisme, le hanafisme, le chaféisme, le hanbalisme) sont d'accord entre elles à quelques nuances près.
La différence fondamentale entre la Bible et le Coran, c'est que la Bible n'est que la Parole inspirée par Dieu, ce qui autorise une constante interprétation, une exégèse herméneutique. Les juifs s'y adonnent depuis toujours par le Talmud pour son aspect exotérique et par la Kabbale et la Guematria pour son aspect ésotérique. Les Chrétiens, particulièrement
les Catholiques et les Orthodoxes, aussi, par la voie mystique des différentes voies monastiques et, également, par le principe des conciles qui tendent à tout remettre à plat afin, tout en conservant le Credo intact, de le mettre sous une lumière nouvelle en rapport avec les changements du temps. En Islam, le Coran est la Parole directe de Dieu en Personne descendue via l'ange Gabriel à l'oreille du prophète Mahomet. De ce fait elle ne peut qu'être prise littéralement.
De plus, les musulmans ont le droit de pratiquer vis-à-vis des non-musulmans le double langage ("Al Takya"), le mensonge pieux qui peut faire avancer la cause de l'Islam.
La seule différence entre les musulmans dits "intégristes" et les musulmans dits "modérés" est une différence d'intensité et de degré de violence. Dans les deux cas le but est le même : propager leur Foi au-dessus des autres.
Il suffit de lire le Coran et de consulter les Hadîths. C'est très simple.
Sachez, de même, que lorsque vous tombez sur des sourates douces et modérées vis-à-vis des "Gens du Livre" (Juifs et Chrétiens), c'est que ce sont les sourates de la Mecque. Mais ces sourates ont été abolies par les sourates de Médine, lorsque Mahomet a proclamé la guerre aux gens du Livre à moins qu'ils ne passent à la soumission de l'islam, ou alors à la soumission du Protectorat en devenant des "dhimmis" ("protégés") en payant un impôt supplémentaire, la "Jizya" afin de pouvoir conserver leur Foi et être des "citoyens de seconde zone", n'appartenant pas à la "Oumma" (Communauté des Croyants)...
Les seuls "musulmans" intéressants sont ceux issus du soufisme. Le soufisme est la branche mystique de l'islam, mais lorsqu'on se penche sur l'origine du soufisme on réalise que les premiers soufis étaient, en fait, des gnostiques qui se sont "islamisés" afin de survivre. Ils se sont de ce fait autorisés à contextualiser le Coran sans cesse par le biais de la Raison
afin d'y puiser une herméneutique qui va bien au-delà de la conception littéraliste habituelle. Mais ils sont considérés, d'une manière générale, comme des hérétiques par les tenants de l'islam officiel. Les imams et muftis se servent du soufisme pour faire avancer leurs pions, toujours par le biais de leur double langage et de leur stratégie pour s'implanter partout. Mais partout où l'islam sunnite ou chiite est fortement implanté, les mystiques soufis sont quasiment inexistants car réduits à peu de chose par les pouvoirs en place.
Quand on lit le Coran, on comprend pourquoi le monde arabo-musulman est dans l'état dans lequel il est sur tous les plans.
Fin de citation.