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Jean C. Baudet

Pour et contre Heidegger

20 Juillet 2015 , Rédigé par jeanbaudet.over-blog.com Publié dans #Philosophie

Pour et contre Heidegger

Martin Heidegger fut-il le plus grand philosophe du XXème siècle, et peut-être même le plus pénétrant philosophe de tous les temps, ou n'était-il qu'un littérateur astucieux, un imposteur de la pensée authentique, un confondeur de vessies et de lanternes, un équilibriste verbal, bref une somptueuse inutilité ? Cela fait cinquante ans (mais je ne me suis pas intéressé qu'à l'auteur de Sein und Zeit) que je me pose cette question, me demandant si je dois reprendre ma réflexion sur le dévoilement de l'Être façon "phénoménologie herméneutique", ou si je peux sereinement passer à côté des vertigineuses subtilités de l'analytique existentiale. Ma contribution personnelle au travail philosophique doit-elle être d'approfondir l'existentialisme heideggerien et de tenter de formuler de manière claire et distincte ma conception de l'Être, ou doit-elle être de mettre en garde contre les verbiages obscurs de chemins qui ne mènent nulle part ? Cela fait cinquante ans que j'hésite entre le haussement d'épaule et l'approfondissement de l'ontologie et de l'ontique de celui qui a peut-être le mieux compris ce qui détermine la condition humaine.

Quelle est l'importance de Martin Heidegger dans l'histoire de l'esprit humain ? Doit-il être associé aux grands noms d'Einstein, de Freud, de Durkheim, de Marx, de Gell-Mann, ou faut-il le ranger parmi les fumistes et les jongleurs de phrases, avec les poètes minimalistes et les autres vendeurs d'illusions ?

On peut, en première approximation, juger de l'importance d'un auteur par l'abondance de ses écrits et, plus encore, par l'abondance des écrits qui lui sont consacrés. Jean-Pierre Tafforeau, Jean-Paul Sartre, Renaud Denuit, Michel Haar, Jacques Taminiaux, Alain Boutot, Jacques Derrida, Jean-François Courtine, Dominique Janicaud et tant d'autres ont consacré au maître tellement d'ouvrages, parfois copieux, toujours subtils et raffinés, qu'il me paraît difficile de ne pas voir dans Heidegger un important agitateur d'idées.

Mais quand on a parcouru le chemin qui mène au sommet de la montagne, il faut bien redescendre, l'esprit encombré de merveilles, et dans la vallée il faudra bien accepter sa "finitude", c'est-à-dire la souffrance et la peine. Car je ne sais pas encore si l'homme est un "être-là", et je ne suis pas bien sûr que son existence précède son essence, mais je commence à comprendre (à dévoiler un non-encore-aperçu) que l'homme est un être-pour-souffrir.

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