Ecriture, litterature et humanisme
18 Septembre 2017 , Rédigé par jeanbaudet.over-blog.com Publié dans #Biographie, #Littérature
Jadis, et encore il n’y a guère, j’écrivais par nécessité professionnelle, comme chercheur, comme enseignant, comme journaliste, comme écrivain. On ne demande pas à un pâtissier pourquoi il fait des gâteaux, et je publiais des articles et des livres pour répondre à une demande et pour toucher des droits d’auteur. Aujourd’hui, en ce jour gris de septembre, alors que je suis dans ma soixante-quatorzième année, et que l’amenuisement de mes facultés physiques et mentales ne me permet plus de surmonter les tracas et les fatigues de la recherche d’un éditeur, je fais une découverte, une « prise de conscience », qui me bouleverse et m’installe dans un sentiment mélangé de dégoût et d’humiliation : j’écris encore, dans ce blog, victime d’une pulsion irrémissible, dans le but de toucher des lecteurs ! J’entreprends encore de répandre mes idées parmi les hommes, alors que les résultats de mes recherches me conduisent au matérialisme le plus rigoureux et au scepticisme le plus définitif, ce qui est tout le contraire d’un intérêt passionné pour l’avenir du genre humain.
Usé par l’existence, rongé par la maladie, affaibli par le vieillissement et ses chagrins, je cherche encore, confusément, inconsciemment peut-être, un contact avec des hommes et des femmes que j’ai connus, que j’ai admirés et même aimés, ou même avec des êtres que je ne connais pas, mais qui trouveront ces lignes en s’aventurant dans les réseaux d’Internet.
Ainsi, c’est donc ça, la « littérature » ! C’est le contact avec les « autres » par le truchement de l’encre sur du papier ou des pixels sur l’écran d’un ordinateur connecté à Internet. Il y a, sans doute, d’autres motivations chez le poète, chez le romancier, chez le philosophe, chez l’historien, mais raconter à un public la colère d’Achille, une enquête de Maigret, les chemins tortueux de la phénoménologie ou le débarquement en Normandie, c’est toujours, d’abord, se raconter soi-même, sous le masque du littérateur, et éprouver un irrépressible désir, un dérisoire besoin, pathétique et désespéré, d’une rencontre humaine. C’est le besoin d’un supplément d’être, par l’attention bienveillante d’un « frère humain ».
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