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Jean C. Baudet

La longue marche (poeme en prose)

27 Juillet 2018 , Rédigé par jeanbaudet.over-blog.com Publié dans #Poème

Entre l’Espace et le Temps, entre l’Être et le Néant, entre les paroles et le silence, entre le jour et la nuit, j’ai marché dans les couloirs de ma conscience, dans les villes et les villages, dans les forêts et les savanes, et j’ai récolté les sphénostyles sténocarpes, les ériosèmes psoraléoïdes, les téphrosies aux gousses tomenteuses, et ce fut l’époque de mes espoirs. J’ai marché dans les hautes herbes et dans les buissons épineux, parmi les crotalaires sonores et les sesbanies calmes. Ce fut l’époque des botanistes de Kew et de ceux de Paris, et de Bujumbura.

J’ai marché dans les couloirs de ma mémoire, dans les campagnes et dans les champs, dans les rues tortueuses et dans les vastes avenues ornées de platanes et de cerisiers roses. J’ai parcouru les boulevards me dirigeant vers les usines abandonnées, vers les sinistres ruines noircies d’une industrie jadis prospère, vers les terrains vagues de la désespérance.

Je marche encore dans le dédale de mes souvenirs, dans le labyrinthe de mes rêveries, arpentant les routes goudronnées et les chemins de terre qui mènent aux lucidités froides.

J’ai longé les rivières où nagent les hippopotames, l’eau où se rafraîchissent les éléphants, me tenant à distance prudente des buffles, accablé de chaleur humide et de soleil.

J’arpente encore les sentiers de la critique jaunâtre et ceux de l’analyse, bleue et froide comme la lame du scalpel. Je me dirige vers la synthèse et la réciprocité des consciences, vers l’intelligence des noumènes, vers l’édification du système suprême, mais je suis retenu par les déterminations de l’Espace et du Temps, de l’Être et du Néant, de la Douleur et des Espérances alanguies.

J’avance encore dans les pas de Gilgamesh, roi d’Uruk, d’Ulysse, roi d’Ithaque, d’Œdipe qui trouve Jocaste pendue et se crève les yeux. Je visite les musées, et les bibliothèques aux nombreux rayonnages où s’accumulent les rêves grandioses et les apophtegmes de gloire des Grands Anciens.

Entre le silence et les paroles, entre le Néant et l’Être, entre le Temps et l’Espace, je marche dans l’existence jusqu’à l’extinction des feux de la sensibilité, de l’entendement et de la raison.   

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