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Jean C. Baudet

Sur la Poesie en Belgique

7 Septembre 2018 , Rédigé par jeanbaudet.over-blog.com Publié dans #Poésie, #Belgique

Il y a quelques années, je conçus l’ambitieux projet de publier une « Histoire de la Poésie », et je me mis donc, à la Bibliothèque Royale à Bruxelles, à consulter des chrestomathies, à feuilleter des anthologies et des florilèges, à lire des biographies et des bibliographies, à étudier des manuels d’histoire de la littérature, et à dépouiller de nombreuses revues littéraires. Mais je finis par me rendre compte que ce programme était bien trop vaste pour un chercheur seul, et je restreignis bientôt le périmètre de ma recherche. Je résolus de me limiter à la rédaction d’une « Histoire de la Poésie en Belgique ». Il me fallait d’abord établir la liste des poètes belges (en français et en néerlandais, voire en latin pour le Moyen Âge), et je continuai mon exténuant travail en me limitant désormais à la Poésie chez les Belges. Je rédigeai 1.127 fiches biographiques, principalement d’auteurs francophones (il y avait 284 femmes dans mon catalogue). Chronologiquement, je rassemblai ainsi des notices allant d’Hériger de Lobbes, né au Xème siècle, à Aurélien Dony, né en 1993. Alphabétiquement, j’avais rassemblé des fiches allant de Fabien Abrassart à Marcel Wyzeur (1886-1950).

J’établis également 4.925 fiches bibliographiques, chaque fiche concernant un recueil, ou même un poème isolé paru dans une revue.

Je sais maintenant qu’Eric Allard a publié « Offrande dernière » (Remue-Méninges 10: 23-24) en 1984 ; que Philippe Leuckx a publié « La ville enfouie » (Encres Vives, Colomiers, 12 p.) en 2001 ; que Jacqueline Gilbert a publié « Feuillets d'automne » (Baudelaire, Lyon, 70 p.) en 2011 ; que Liza Leyla a publié « Les tentacules du Moloch » (Lingua & Littera, Bruxelles, 47 p.) en 1994 ; que Louis Mathoux a publié « Ce jour-là, la Femme décida de dépouiller le monde » (Les Elytres du hanneton 241: 65) en 2003 ; qu’Evelyne Wilwerth a publié « Fermer la fenêtre de froid et d'ordinaire » (L'arbre à paroles 48: 55-56) en 1983 ; que Bernard Goorden a publié « Pré-jugés » (L'arbre à came 2: 41) en 1976 ; que Pierre Dancot a publié « Eponger sous ton crâne les rosées de l'enfer » (Les Elytres du hanneton 228: 13) en 2002 ; que Michel Joiret a publié « Chambre sourde » (Fagne, Bruxelles, 22 p.) en 1976 ; qu’Isabelle Bielecki a publié « Conte d'hiver » (Les Elytres du hanneton 191: 31) en 1999 ; que Marie-Clotilde Roose a publié « Désincarnation » (Les Elytres du hanneton 68: 21) en 1987 ; que Claude Miseur a publié « La sève sous le sang » (Traversées 60: 45-47) en 2010…

Je m’acharnais, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, à rassembler le plus possible d’informations sur les poètes bruxellois, wallons ou flamands.

Et puis, vint brutalement le moment du doute. J’étais dans la « salle de travail » de la Bibliothèque Royale, assis à la place qui m’était réservée, dans la lumière électrique et le silence des lecteurs studieux, rédigeant ma 1.127ème fiche biographique, quand je me sentis envahir par la nausée froide d’un labeur qui me parut soudain absurde et vain. A quoi bon des poètes en ces temps de détresse (Hölderlin). Je mis fin à mon travail, et je me remis à lire les philosophes. Mais à quoi bon des philosophes en ces temps de misère ?

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