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Jean C. Baudet

La Connaissance et l’Action

3 Novembre 2019 , Rédigé par jeanbaudet.over-blog.com Publié dans #Philosophie

Depuis plus de 25 siècles, les penseurs grecs et leurs successeurs s’acharnent à vouloir résoudre le problème majeur de la condition humaine, qui est le problème de l’Action, c’est-à-dire la question de savoir ce qu’il faut faire (les obligations) et ne pas faire (les interdits) pour être heureux, pour atteindre le bonheur non pas pendant quelques heures, quelques semaines ou quelques années, mais durablement. Depuis plus de 25 siècles, les philosophes cherchent la Sagesse (la sophia), c’est-à-dire la connaissance des actes bons et des agissements maléfiques.

Or, le fait qui s’impose à l’observateur attentif, c’est que 25 siècles de réflexions, de lectures, d’expériences et de méditations n’ont pas permis aux meilleurs d’entre les hommes (je citerai Aristote, Averroès, Spinoza, Kant, Hegel, Husserl, Heidegger, Onfray…) de résoudre le problème majeur de la philosophie, de connaître le bien et le mal, c’est-à-dire la question « éthique » (du grec éthos) ou « morale » (du latin mores).

La réflexion a cependant montré que pour résoudre cette question éthique, il est indispensable de connaître ce qui existe vraiment, c’est-à-dire que la question de l’Être se pose préjudiciellement à la question de l’Action. Pour savoir ce que je peux faire et ce qui m’est interdit, je dois avoir repéré les entités existantes, susceptibles d’agir sur mon existence, voire même de me récompenser ou de me punir. Il me faut, c’est l’objet de l’ontologie, distinguer les choses qui sont – qui influencent ou influenceront ma quête du bonheur – et les choses qui ne sont pas – qui jaillissent comme des fantasmes du travail de mon imagination (tabou, sacré, esprit, dieu, ange, démon, valeur…).

Ainsi, la construction d’une éthique implique la construction préalable d’une ontologie, qui elle-même implique la construction d’une épistémologie (ou gnoséologie). Avant de chercher à savoir, il faut savoir s’il est possible de savoir. La plupart des hommes (c’est ce qui distingue l’homme ordinaire du philosophe) se précipitent dans l’action sans mettre en cause les pseudo-connaissances qu’ils ont héritées de leur milieu familial et social. C’est que des forces puissantes et redoutables s’opposent, dans toutes les collectivités humaines, à la mise en doute des croyances de la tribu.

Remarquons que l’ontologie est classiquement divisée en deux parties, la physique et la métaphysique. Cela correspond à la distinction, faite par Kant, entre l’étude des phénomènes et l’étude des noumènes.

On voit que le travail philosophique est un triptyque formé d’une théorie de la Connaissance (qui puis-je savoir ?), d’une théorie de l’Être (que puis-je espérer et que dois-je redouter ?) et d’une théorie de l’Action (que puis-je faire ?).

Je me suis mis au travail en 1965, quand je n’étais encore qu’un étudiant stupide, ignorant et présomptueux. Pendant des dizaines d’années, j’ai lu les philosophes, les « sages », les psychologues et les sociologues, les biologistes, les anthropologues, les ethnographes et les historiens. J’ai lu aussi quelques poètes. J’ai arrêté mon travail en 2018, fatigué, vieilli, désespéré, malade, souffreteux, cacochyme, égrotant, tremblant, valétudinaire et quasi grabataire. Si j’avais eu quelques années de plus de vigueur physique et mentale, peut-être que j’aurais résolu le problème de la Connaissance et de l’Action. Mais je me console : Aristote, Averroès, Spinoza, Kant, Hegel, Husserl et Heidegger n’ont pas réussi ! Mes prestigieux prédécesseurs ont échoué. Qui suis-je pour avoir tenté d’en savoir plus ?

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