Les aventures du Moi
29 Octobre 2014 , Rédigé par jeanbaudet.over-blog.com Publié dans #Philosophie, #Moi
C'est Montaigne qui, à l'aube de la pensée française (voir J.C. Baudet : "Les agitateurs d'idées en France", La Boîte à Pandore, 2014), redécouvre le Moi, déjà identifié par Socrate comme la source et l'objet de toute méditation sérieuse. Tout travail intellectuel qui néglige l'inspection du Moi est ainsi aliénation, et l'historien oublie son être et son destin tragique dans l'érudition, l'artiste l'oublie dans la production illusoire et inutile d'une Oeuvre, l'entrepreneur - économique, politique ou militaire - le perd dans l'édification de ses projets de production, de réforme sociale ou de conquête.
Voilà un acquis plus solide que l'éditologie, que l'histoire de la STI ou que la compréhension du fait religieux : le Moi comme fondation de toute philosophie. Et si les plus grands penseurs (voir J.C. Baudet : "La vie des grands philosophes", Jourdan, 2013) ont retrouvé, chacun dans son style, l'importance du Moi, ils n'ont pu s'y tenir, aliénés par des aspirations sociales diverses : Descartes s'enlise dans les rapports de l'âme et du corps, Hegel se perd dans une fantastique et fantasmatique interprétation de l'Histoire, Marx s'épuise à s'intéresser au sort des misérables, Baudet se disperse en racontant des histoires...
Si l'examen du Moi ne peut conduire qu'à l'Angoisse, au moins puis-je me féliciter d'en avoir conçu l'importance et de m'être dépêtré des consolations esthétiques et des divertissements infantiles. Ainsi mon Oeuvre (de scientifique, de philosophe, de poète et de calembourinaire) s'achève-t-elle dans la conscience la plus aiguë de ma conscience, dans la perception la plus intense et imparable de mon identité et de ma substance pathétique, et de ma douloureuse spécificité. Mon Moi comme soubassement, terrain de manoeuvres pensantes, tension perpétuelle pour persister dans l'être venue de l'Être, et comme objectif de souffrance et d'anéantissement (l'être de mon Moi étant de paraître puis de disparaître). On apprend à garder le silence (1), malgré tout.
(1) Note d'érudition pour les amateurs de Haute Culture : j'ai trouvé la belle expression "on apprend le silence" dans l'opéra Proserpine de Lully. Quant au jeu de mots avec paraître et disparaître, je l'ai trouvé dans le dialogue de Prévert pour Drôle de drame.
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