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Jean C. Baudet

Les plus grands Belges

6 Janvier 2015 , Rédigé par jeanbaudet.over-blog.com Publié dans #Histoire, #Belgique

Les plus grands Belges

Une des plus grandes avancées de la philosophie au XXème siècle fut la découverte décisive de Martin Heidegger, traduite comme suit en français par Jean-Paul Sartre : "chez l'homme, l'existence précède l'essence". Et les amateurs de "profondeur", les maniaques du "subtil" et les friands de "sublime" s'étonnèrent, ahuris et perplexes, de constater que ce philosophème issu de la très haute pensée d'un immense penseur rejoignait la découverte du bon sens le plus simple et le plus terre à terre : avant d'être ceci ou cela, violoncelliste ou chauffeur de taxi, tout homme doit d'abord exister, c'est-à-dire disposer de nourritures pour s'alimenter, de vêtements et d'abris pour se protéger du vent, de la pluie et des neiges ! Et ce qui est vrai de l'homme dans son humanité est vrai encore des collectivités humaines, et avant de produire une littérature suave incomparable, une musique grandiose et des comédies d'un esprit transcendant (et des idéologies invraisemblables), la France a dû produire du pain, du vin, du boudin, de la viande de boeuf, des charentaises, des bérets, des chemises (ou de tee-shirts), des maisons, des routes, des usines... Et je me trouve ainsi, de manière inattendue, en accord non seulement avec Heidegger et avec le bon sens populaire (qui vit de bonne soupe et non de beau langage), mais aussi avec... Karl Marx. Car le marxisme n'est pas autre chose que l'avis que l'industrie précède et détermine la culture.

Bien que la Belgique soit incomparablement plus minuscule que la France, ce primat de la production de "biens et de services" est également véritable chez les Belges. Avant d'être belge (essence) il faut manger des frites et du filet américain ou des merguez (existence).

Il résulte de cela, qui détermine la "condition humaine", que les hommes les plus "importants" d'un pays ne sont pas nécessairement les plus célébrés. J'ai voulu, pour appliquer à la Belgique la grande découverte de Heidegger et Sartre, faire un relevé des "grands Belges", de ceux qui ont vraiment "construit" la Belgique en alimentant et en équipant les Belges. Conformément aux positions de Heidegger, de Sartre et de Marx, j'admets que les "constructeurs" sont les ingénieurs, les industriels, les commerçants (voir aussi Saint-Simon), et j'attribue une valeur décorative et divertissante aux littérateurs et aux artistes. C'est ainsi, formant un essai sur l'importance, que j'ai fait paraître, il y a quelques mois, un ouvrage "Les plus grands Belges", où je cite John Cockerill, Ernest Solvay et d'autres ingénieurs, alors que je maintiens dans le silence des musiciens, des poètes, des romanciers. Certes, et je le rappelle dans mon livre, Simenon, Hergé ou Magritte furent les auteurs admirables d'oeuvres splendides. Mais la vérité historique me semble être du côté de ceux qui analysent le travail de Cockerill comme ayant contribué à "construire" la Belgique (la Belgique réelle), et celui de Simenon comme un effort (d'ailleurs remarquable) de divertir les lecteurs de récits (la Belgique rêvée). Matérialisme ou idéalisme, économie ou culture ? La question ne méritait-elle pas d'être posée ?

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