Baudet et sa philosophie
20 Juillet 2013 , Rédigé par jeanbaudet.over-blog.com
Je suis matérialiste (comme l'était Démocrite), logique (Aristote), hédoniste (Epicure), sceptique (Pyrrhon), empiriste (Locke), athée (La Mettrie), nihiliste (Nietzsche), modérément phénoménologue (Husserl), existentialiste sans excès (Heidegger), falsificationniste (Popper). Ces prises de position - qu'il faut examiner avec le grain de sel du scepticisme pyrrhonien (ou kantien, si l'on préfère) - découlent d'une réflexion basée sur la méthode épistémologique que j'ai appelée "éditologie". Il me semble en effet, quel que soit le bout par lequel on prend le questionnement philosophique, que la question du savoir est primordiale, qu'il faut donc commencer par l'interrogation épistémologique (c'était, notamment, l'idée de Descartes), qu'il faut d'abord savoir s'il est possible de savoir. D'où l'éditologie, qui analyse les savoirs comme des textes "édités", et qui cherche dans les modalités d'édition des divers systèmes de pensée de quoi évaluer leur adéquation au Réel. C'est ainsi qu'en comparant la science d'une part et les mythes, littératures, superstitions, religions et idéologies d'autre part, je suis arrivé au concept de "STI" et à trouver dans la vérification collective le critère de la scientificité, rejoignant la thèse poppérienne. Mais il faut aller plus loin que Popper, et voir que ce qui fonde vraiment la certitude (toute provisoire) de la science est en fait l'instrumentation - qui permet les vérifications et falsifications. D'où le primat gnoséologique de la technique, déjà reconnu par l'histoire de la science et de la technologie. D'où, in fine, le primat du besoin alimentaire et donc de la cuisine, fondement de la technique, comme la technique est le fondement de la science (voir mon livre "Histoire de la cuisine", Jourdan, 2013).
Il y a une aporie, bien connue des philosophes : si l'on doit commencer par la recherche épistémologique, c'est-à-dire déterminer comment il est possible de décider si un savoir est adéquat au Réel, il faut d'abord connaître le Réel, c'est-à-dire qu'il faut avoir résolu le problème ontologique avant de s'attaquer au problème épistémologique. C'est le noeud gordien de toute tentative philosophique, que le philosophe ne peut trancher que par sa propre existence (d'où mon existentialisme modéré), exactement comme on prouve le mouvement en marchant. Cela débouche aussi bien sur le lyrisme égo-centré des vrais poètes que sur le volontarisme socio-centré de la technologie.
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